Le chemin de la spiritualité

Depuis 30 ans, la photographe Odile Foubert sillone l'Asie à la découverte des temples bouddhistes, ces lieux de paux et de sérénité absolues. De la Birmanie au Népal en passant par l'Inde du sud, elle cherche à saisir le détail, d'où surgit l'essentiel.

J'ai ue la chance de découvrir l'Asie à 20 ans, en embarquant avec sept autres élèves pour une aventure de trois mois organisée par l'un de mes professeurs, un homme génial et très audacieux pour l'époque ! Hong Kong, Taïwan, Inde, Corée, Thaïlande, Japon... Un grand saut dans l'inconnu lorsqu'on s'ennuie à mourir dans une petite ville de province en Picardie. Ce fut un coup de foudre. Une révélation. Le début d'allers-retours ininterrompus depuis maintenant trois décennies entre la France et ces pays magiques. J'ai été comme aspirée par ces cultures que j'ai voulu mieux connaître. Mes pérégrinations m'ont menée en Indonésie, au Cambodge, en Birmanie, aux Philippines, au Népal. Et partout à chaque fois, ces populations m'ont fascinée... Plus particulièrement leur rapport à la vie, leur manière de gérer les difficultés. Mais c'est l'atmosphère des monastères bouddhistes qui m'a le plus transportée. Je m'y suis sentie immédiatement et instinctivement comme "chez moi". Une évidence. Dans ces lieux de grande spiritualité, j'ai pu me questionner, me découvrir... un voyage intérieur ! Moi, si colérique de nature, j'ai modestement essayé de m'imprégner des valeurs qui amènent à la sagesse. J'ai encore beaucoup de chemin à faire !

Mais année après année, j'ai changé, profondément. J'ai pu apaiser mes volcans intérieurs, calmer le flot de mes pensées tumultueuses. Me sentir davantage en harmonie avec ce qui m'entoure. Apprendre le lâcher prise. Prendre du recul, ne pas le "vouloir", la "saisie" des émotions, sans pour autant renoncer à être volontaire. Surtout, j'ai appris à donner de l'espace aux autres. J'ai beaucoup phtographié en Asi mais mon regard revient toujours vers les monastères, les moines. Et les nonnes, ne les oublions pas ! Les couleurs de leurs robes drapées qu'ils et elles portent avec grâce, offrant mille tons du jaune au pourpre, les courbes de leurs plissés en mouvement, saisissant ombres et lumière, tout cela m'inspire indéfiniment ! Et puis que dire des cérémonies auxquelles j'ai parfois la chance d'assister. Elles sont un cocktail de couleurs, de sons et de visages porteurs de tant de compassion... Quel bonheur de vivre ces moments !

Photograpier des moines, c'est aussi une façon de partager un peu de leur âme et de montrer qu'ailleurs existe une autre approche de la vie, plus sereine, lus authentique, qui peut nous aider à mieux être. Accueillants et curieux des autres, les moines acceptent volontiers d'être pris en photo. J'aime m'asseoir auprès d'eux et discuter, profiter de cette vraie sérénité qui les anime. Le lien que j'ai pu tisser avec eux dans différents pays m'a permis de prendre la mesure de leur combat pour la liberté, qu'ils soient Tibétains en exil en Inde, Birmans face à la jungle militaire, Cambodgiens survivants du génocide... Dans ces temples où j'aime retrouver, il y a souvent des enfants, de jeunes moines : être près d'eux est une source de joie. Ils sont drôles et sobres à la fois, s'amusent d'un rien, posent des quetions profondes... Dans mes photos, j'aime avant tout saisir les détails. les choses non vues et qui sont pourtant là. Du détail surgit l'essentiel.

Source : Bonheur(s)

Le chemin de la spiritualité